Alors que leur grève de la faim est entrée dans la phase critique des 30 jours, celle où l’épuisement devient dangereux pour le corps et l’esprit, celle où des séquelles permanentes peuvent s’installer, les femmes du Béguinage sont plus déterminées que jamais. Dehors, elles ont laissé leurs familles, leurs enfants, leurs petits-enfants, leur maison, leur travail, l’argent gagné et indispensable ; dedans, elles endossent des responsabilités, elles s’occupent des plus faibles, soignent les malades, protègent les plus faibles. Elles se battent pour elles, pour leurs enfants, mais leur combat va bien au-delà de l’individuel. Ce qu’elles veulent, c’est un avenir, un espoir, une dignité pour tous les sans-papiers. Hier, chacune a reçu un éventail , bien agréable en temps de grosse chaleur mais aussi symbolique « un signe que dehors on pense à vous » ; pendant une heure, elles ont choisi leur couleur préférée, l’une cherche à l’assortir à son foulard, l’autre à ses cheveux, elles ont applaudi le choix de leurs copines, comparé les effets et puis, elles ont posé pour la photo et pris plaisir à « chercher la pose » . Pendant une heure, les sourires ont pris la place de leur désespoir.